Lyon (69) : cinq projets d’extension de caméras d’ici 2014

Alors que les prévisions d’installations de nouvelles caméras sont déjà décidées pour les dernières années du mandat du sénateur-maire PS Gérard Collomb, c’est-à-dire jusqu’en 2014, Emmanuel Magne, fait le point, pour Vidéosurveillance Infos, sur dix ans de vidéoprotection dans la troisième commune de France et envisage l’avenir.



Lyon (69) : cinq projets d’extension de caméras d’ici 2014
Emmanuel Magne, chef de service du CSU de la Ville de Lyon depuis février 2005, assure la direction du service d’une trentaine de personnes qui est composé d’un pôle opérationnel, d’un pôle technique et d’un pôle administratif et financier. Plus particulièrement chargé du dispositif de vidéoprotection et de télésurveillance de la ville, son service a pour objectifs de développer, maintenir et exploiter les équipements de vidéo et d’assurer la télésurveillance des équipements municipaux.



De 11 à 238 caméras en dix ans
Alors que la mise en place d’un dispositif de vidéoprotection a été évoquée pour la première fois à Lyon en 1998, lors de la signature du premier contrat local de sécurité (CLS), ce n’est qu’en 2001 que les premières caméras ont été installées. “En dix ans d’exploitation, nous sommes passés de onze caméras en 2001 à 238 aujourd’hui. Et d’ici la fin du mandat du maire, en 2014, le déploiement de 60 à 90 caméras est planifié sur plusieurs secteurs et plusieurs arrondissements, selon cinq projets, annonce Emmanuel Magne. Ensuite, de nouvelles installations seront à prioriser lors d’un prochain mandat.”

Flash-back sur un développement empirique du service d’Emmanuel Magne qui, aujourd’hui, constitue l’une des quatre directions sécurité de la ville, au même titre que la Police Municipale. “Pour obtenir les structures que nous avons actuellement, nous nous sommes inspirés de ce que faisaient nos voisins français mais aussi étrangers. Régulièrement, nous étudions les points à améliorer pour tendre vers le dispositif qui nous convient le mieux, explique le chef de service du CSU. Par exemple, lorsque nous avons installé les onze premières caméras à Lyon il y a dix ans, l’exploitation du système était assurée par la Police Municipale. Après quelques mois de fonctionnement, l’équipe municipale a souhaité qu’un système spécifique et fonctionnant 24 h/24 soit mis en place. L’objectif était de proposer un dispositif le plus réactif possible aux problématiques de terrain, et qui est orienté vers une démarche d’évaluation.”


Une mission régalienne…
La première mission du service est la mission régalienne qui recouvre la gestion des outils nécessaires à la vidéoprotection des espaces publics. Le travail porte aussi sur la télésurveillance des équipements municipaux au sens large. “Nous sommes le seul service de la ville à travailler 24 h/24. Ce choix correspond à une double logique : technique et financière. En effet, cela coûte moins cher à la collectivité de faire télésurveiller ses bâtiments par un service qui existe déjà plutôt que de sous-traiter cette opération, précise le chef de service du CSU. De plus, il existe un lien étroit entre ce qui se passe en termes d’intrusion dans les bâtiments publics et le réseau de vidéoprotection développé aux abords. Les missions de télésurveillance concernent notamment la sécurité incendie, la détection d’intrusion et la télésurveillance technique : empêcher qu’une personne reste bloquée dans un ascenseur, par exemple. L’intervention, quant à elle, est assurée par un prestataire extérieur.”



… et de protection civile
La seconde mission de cette direction sécurité de la Ville s’inscrit dans le cadre de la protection civile. “Nous sommes capables de réceptionner des messages d’alertes, des informations (plan Vigipirate, alertes météo, risques de crue…) et de les dispatcher aux personnes et services compétents”, explique Emmanuel Magne.
Côté humain, le dispositif est exploité par des agents municipaux de la filière technique. “Nous ne sommes en aucun cas des policiers municipaux, clarifie le chef de service du CSU. Il n’existe aucun rapport hiérarchique entre les Police Municipale et Nationale – qui patrouillent par ailleurs très activement dans la ville de Lyon – et nous. Nous sommes des partenaires opérationnels, au quotidien, et nous sommes organisés en trois pôles qui correspondent chacun à une grande compétence au sein de notre direction.”




Trois entités bien définies

La première entité concerne l’exploitation. Elle regroupe sept équipes de trois personnes – soit 21 opérateurs – plus un responsable de salle. Le fonctionnement est assuré 24 h/24 et 7 j/7. “Et nous avons la possibilité de doubler nos effectifs en moins d’une demi-heure pour absorber une surcharge de travail prévue ou imprévue. Les images que nous enregistrons sont directement envoyées aux services de la Police Nationale et de la Police Municipale et, bien évidemment, elles sont à la disposition de la Police Nationale dans le cadre de procédures judiciaires”, ajoute Emmanuel Magne.

La deuxième entité concerne la partie technique du système. “Quatre techniciens, disponibles 24 h/24, s’occupent de la mise en place des équipements, suivent les projets d’extension, rédigent les cahiers des charges, accompagnent les entreprises qui travaillent pour nous, conseillent les élus… pour essayer de maîtriser la chaîne de A à Z. Ces agents techniques assurent également la maintenance de premier niveau de l’ensemble de nos équipements puisque nous avons déjà des pièces détachées en stock ; la maintenance réseau étant pour sa part sous-traitée, précise le chef de service du CSU. Outre l’intérêt financier, l’intérêt technique est non négligeable car le fait d’avoir cette compétence en interne nous permet d’être très réactifs. Et, dans la mesure où les personnes qui interviennent sur la maintenance sont également chargées de la mise en place du dispositif, ceci constitue un avantage assez précieux en termes de diagnostic pour la résolution des pannes.”

Enfin, la troisième équipe est la partie administrative “dont je fais partie, précise Emmanuel Magne. Deux personnes m’assistent dans cette tâche qui consiste à s’occuper de la partie budget, des marchés publics, de la formation. Cette entité permet d’avoir une réactivité assez intéressante avec des personnes spécialisées”.




Du recrutement au reclassement, en passant par la formation
Pour recruter les différents agents, la démarche est tout aussi rigoureuse. “Nous nous intéressons à des profils bien déterminés. Nous avons la chance de pouvoir choisir les profils qui nous intéressent, des compétences particulières pour pouvoir être le plus efficace possible. Par exemple, les adjoints de sécurité de la Police Nationale qui nous rejoignent ont une connaissance particulièrement précieuse de la voie publique et de l’institution policière. Comme nous travaillons de concert avec la Police Nationale, nous sommes à la recherche de tout ce qui peut améliorer et faciliter ce contact opérationnel, argumente Emmanuel Magne.”

L’attention est également portée au niveau de la formation des agents. “Nous sommes particulièrement attachés à l’aspect humain. Les opérateurs recrutés reçoivent une formation initiale sur les aspects techniques, juridiques, éthiques et déontologiques de la vidéoprotection, de manière à leur inculquer des notions de ‘flair policier’. Les policiers nationaux se chargent de cette formation de façon à ce que les nouvelles recrues puissent avoir une lecture de la voie publique la plus précise possible, explique le chef de service du CSU. Sur la partie ‘exploitation’, nous avons essayé de professionnaliser au maximum les agents avec des perspectives d’évolution, des hiérarchies. Chaque équipe a un chef de cadre et pour organiser l’ensemble, il y a un chef de salle.”

Une fois recrutés, les agents bénéficient d’un confort savamment étudié. “Les agents travaillent dans un espace qui fonctionne 24 h/24. De plus, ils vont rester 9 heures d’affilée sur leur poste de travail, de jour comme de nuit. Pour rendre leur environnement professionnel confortable et fonctionnel, nous faisons systématiquement appel à un ergonome qui nous conseille sur la configuration des lieux, le choix des matériaux… L’ergonome gère l’espace de travail, du mobilier au confort des assises, de la taille des écrans aux conditions d’éclairage, en passant même par le design des logiciels que nous utilisons, explique Emmanuel Magne. Nous attachons une grande importance à la sécurité des locaux, non pas pour protéger ces derniers mais pour protéger les personnes qui y travaillent et sont amenées à manipuler des informations particulières. Nous avons donc travaillé sur des contrôles d’accès… Nous nous sommes également intéressés à la protection des données puisque l’une des plus grandes craintes des vidéosceptiques, rencontrés sur la ville de Lyon, porte sur la confidentialité des données et sur ce qu’il advient des images que nous manipulons. Nous avons donc mis en place un protocole pour sécuriser les locaux et les images. Il ne s’agit pas ici de rassurer uniquement les vidéosceptiques, mais c’est également pour nous l’occasion de montrer notre capacité à nous adapter aux nouvelles technologies et à protéger des données souvent sensibles.”
Autre attention particulière : dès le recrutement, le reclassement futur des agents est anticipé car le service considère que les métiers de la vidéoprotection ne sont pas la vocation de toute une vie car c’est un outil très exigeant, physiquement notamment. Les agents qui souhaitent se reclasser sont donc prioritaires dans la commune pour suivre une formation, même si cette dernière n’a aucun rapport avec les métiers de la sécurité. “Cette préséance permet aux agents qui en font la demande d’obtenir plus facilement le poste qu’ils souhaitent, même s’ils désirent devenir assistant lumière, ingénieur du son ou boulanger, précise Emmanuel Magne. Cependant, on s’aperçoit que la plupart des opérateurs de vidéoprotection choisissent quand même de passer sur le terrain. Quelque part, les métiers de la vidéoprotection doivent susciter des vocations car la plupart décident d’entrer dans la Police Municipale ou Nationale. Quoiqu’il en soit et quel que soit l’avenir professionnel qu’ils choisissent, ils bénéficient d’un véritable accompagnement.”




Des bilans d’acitivité annuels et des études d’impact
Soucieux d’être le plus opérationnel possible, le service réalise chaque année un bilan d’activité qui permet d’évaluer la délinquance, secteur par secteur, et de recenser tous les faits qui troublent la tranquillité publique (incendies de véhicules, agressions…) là où sont implantées les caméras. Parallèlement, courant décembre, le service procédera à une deuxième démarche d’évaluation du dispositif. “Lyon est la première ville a avoir réalisé une étude d’impact. La première, confiée à Icade Securities, a eu lieu en 2003 et a duré quelque dix-huit mois, raconte Emmanuel Magne. Plutôt orientée vers le côté opérationnel, elle s’appuyait notamment sur les statistiques de police. Celle qui va débuter prochainement devrait durer trois ans, puisqu’elle sera réalisée dans le cadre d’une thèse CIFRE (Conventions industrielles de formation par la recherche) en collaboration avec deux universités lyonnaises et l’école polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse. Mais nous avons prévu d’avoir des restitutions fréquentes de façon à obtenir de la matière pour pouvoir nous remettre en question et éventuellement améliorer notre système avant d’obtenir les résultats finaux. Cette thèse adoptera une approche davantage sociologique et un regard un peu différent de la première étude mais, à mon sens, elle sera assez intéressante et enrichissante. Elle portera notamment sur les modes de consommation des espaces publics et le regard que portent les Lyonnais sur la vidéoprotection dans ce même espace. L’objectif est de voir comment évolue la ville sur les secteurs vidéoprotégés.”



Sept nouvelles caméras d’ici fin décembre
En dix ans, le nombre de caméras installées est passé de 11 à 238. Et, d’ici 2014, cinq projets d’extension du système de vidéoprotection, votés lors des derniers conseils municipaux, seront finalisés. D’ici la fin de l’année, les Lyonnais découvriront 7 nouvelles caméras et, en 2012, 2 à 3 autres projets seront également menés à terme. “Les projets d’extension de la ville doivent tenir compte de notre capacité à exploiter humainement le dispositif. Ceci ne veut pas dire que nous mettons en place des caméras supplémentaires en fonction de notre capacité à recruter des agents, mais nous tenons fermement à rester vigilants sur le nombre de caméras que chaque opérateur pourra exploiter en permanence. Nous partons du principe simple qu’il est inutile de multiplier le nombre de caméras si nous n’avons pas les effectifs en quantité et en qualité suffisantes pour pouvoir les exploiter correctement”, indique Emmanuel Magne.

Les réflexions menées portent également sur les caméras dites intelligentes. “ Nous avons bien conscience que ces caméras font partie de l’évolution logique des métiers de la vidéoprotection. L’idée est que la machine apporte une aide aux opérateurs sur certains thèmes et espaces mais, en dernier lieu, ce sera toujours l’opérateur qui décidera, précise le chef de service du CSU. Nous pouvons effectivement envisager des systèmes d’alarmes qui alerteront l’opérateur qui jugera s’il est opportun de signaler le dysfonctionnement constaté à d’autres partenaires. Notamment, à Lyon nous avons deux fleuves – le Rhône et la Saône – et donc de nombreux ponts. Nous sommes ainsi confrontés à des risques de noyade l’été et d’hypodermie l’hiver. Les caméras de vidéoprotection ont déjà permis de sauver des personnes qui ont effectué des plongeons, volontaires ou non, en permettant aux opérateurs de les signaler rapidement aux organismes de secours. Mais nous travaillons actuellement sur un moyen de dépister tout corps qui tomberait dans l’un des fleuves”, précise Emmanuel Magne.



Des caméras mobiles ? Pourquoi pas…
Et il y a d’autres cas intéressants… “Nous allons bientôt entrer dans la période des marchés de Noël. Ces espaces sont surveillés la journée par les commerçants et les badauds, mais la nuit ce sont de vrais lieux de prédilection pour des dégradations ou des vols, constate le chef de service du CSU. Une caméra équipée d’un système d’alarme permettrait de dégager un opérateur qui serait spécialement affecté pour visionner un écran dédié à cet espace particulier.”

Qui des caméras mobiles ? “Nous n’en possédons pas pour l’instant, répond Emmanuel Magne, car si nous nous lançons dans cette idée, nous souhaitons obtenir d’une caméra mobile la même qualité d’image que si cette caméra était pérenne. Il nous faut donc travailler sur l’alimentation électrique de telle caméra, sur la transmission des images… Nous regardons donc ce qui se fait, mais pourquoi pas.” En revanche, s’il y a un domaine sur lequel le service ne souhaite pas aller, c’est celui de la verbalisation. “Il n’y aura jamais à Lyon de verbalisation assistée par caméra”, conclut Emmanuel Magne.


Lundi 28 Novembre 2011